N'en jetons presque plus ! Trions, reprenons, détournons.
L'essentiel est presque bien dit et redit, en long, en large...
Reprenons serré, de travers, à travers.
Par les moyens d'avenir du présent. Pour le présent de l'avenir.
(OTTO)KARL

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2016-10-03

BD-pure

« (…) Ses personnages sont économes en mots. Une parcimonie qui va au-delà de la pudeur ou de la timidité pour témoigner de la profondeur de leur état de choc. Les mots ne suffisent plus. Le dessin prendra le relais.
(…)
Plein d’assurance, son trait embrasse le blanc de la page et couronne un long travail d’épure. Chiisakobé n’est composé qu’à partir de lignes à haute tension.
Sortant (par mail) de son habituelle réserve, Minetarō Mochizuki nous explique ce changement : «J’aimerais que Chiisakobé soit un tournant dans ma carrière. Quand vous travaillez pendant longtemps, l’idée que les gens se font de vous finit par se fixer et je voulais la faire évoluer. En termes graphiques, j’ai commencé à faire des dessins plus épurés. Si l’on regarde le trait de près, on voit apparaître des lignes inutiles. En sélectionnant, en choisissant d’éliminer certaines choses, je me suis aperçu que le rendu était plus clair et qu’on pouvait dessiner des choses puissantes même sans utiliser de "kôkasen"», ces lignes d’effet souvent employées dans le manga pour figurer les émotions ou le mouvement.
(…)
Derrière les visages quasi impassibles, la position des bras, des mains (doigts recroquevillés, poings serrés, paume ouverte ou posée avec délicatesse) ouvre un panorama sur l’état psychologique des personnages.
(…)
 «Je m’étais fixé une règle, dit l’auteur, je voulais, pour que les personnages semblent réellement vivre et pour transmettre aux mieux les émotions, m’attacher à rendre les moindres détails : les manières et les gestes triviaux du quotidien, les plis des vêtements, pourquoi le bentô est préparé avec tant de soin, quel était l’état d’esprit de celle qui l’a préparé, la représentation des travaux ménagers, quels sous-vêtements portent les personnages, comment ils portent leurs vêtements, quel genre de vie ils mènent… J’ai tenu à soigner la représentation de tous ces détails, qui n’ont pas de lien direct avec l’action mais qui permettent d’imaginer le style de vie ou les sentiments des personnages. C’est pourquoi de nombreuses cases ne montrent que ces détails.»
(…)
Mochizuki célèbre un manga contemplatif. «Dans ce manga où le récit chemine tranquillement et où il ne se passe rien d’extravagant, j’ai beaucoup réfléchi au déroulé, à l’enchaînement des cases et des doubles pages pleines pour que le lecteur prenne davantage plaisir à lire – et moi à dessiner –, et pour qu’il reprenne parfois son souffle avant de passer à la scène suivante.»
(…)
… l’auteur y cultive un humour étrange et poétique, qui joue sur les décalages. (...)  »
(M.C.)


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